PROJET WHO ? | Jean Gloute de Braga |
Sophie Hébert - Jean Gloute de Braga, personnage imaginaire de ton utopie personnelle ? Quelle est l'origine de cet étrange nom de scène ?
Jean Gloute de Braga - Il n'est pas une utopie, il serait plutôt un marcheur.
Un Quidam qui doute
Un Quidam qui doute
Un Quidam qui doute
Un Quidam qui Doute
En fait, mon vrai prénom est Teddy pour l'état civil. Très souvent, et c'est le cas depuis que je suis gamin, on me demandait si c'était un surnom. Alors c'est naturellement que cette question du "Blaze" s'est posée tôt.
Aussi le rapport avec le tag, où là tu dois changer de nom et de forme très souvent pour ne pas te faire tracer et trouver un beau tracé "YbbaT" était sans doute mon préféré. Quand je me suis arrivé à Bruxelles, que j'ai rencontré le monde de l'éléctro, il y a une dizaine d'années, je voulais un nom qui claque et qui soit un peu punk et rap à la fois (je ne jurais que par Svinkels à l'époque) alors "PouM TchaK" s'est imposé comme le blaze qui résumait tout mon propos en deux mots.
No Future, Robots pourquoi pas. Quand j'y retourne maintenant, je suis encore PouM TchaK pour beaucoup de gens.
De retour en france, j'ai trouvé "Jean-Marc" qui sonnait bien franchouillard. Puis j'ai voulu le customiser pour qu'il soit à la fois commun et rare, et de freestyle en freestyle, j'ai trouvé "Jean Gloute" qui sonne presque comme "Jean-Marc", "Jean qui rit", "Jean-je sais pas quoi".
Une petite particule de noblesse étant toujours de bon aloi, revenu dans le pays du fromage par les chevaux, je voulais que ça rentre dans sa généalogie, Braga est un éleveur de chevaux de tauromachie au Portugal.
C'est bien, d'avoir un nom noble mais qui se rapporte à une animalité.
Alors Jean Gloute de Braga, malgré son origine incontrôlable, use de musiques traditionnelles pour tenter de construire un discours catalyseur.
Mais c'est aussi un clown, alors c'est encore raté ...
Sophie Hébert - Il me semble que tu fais partie d'un grand nombre de projets culturels alternatifs en Bourgogne... Peux-tu nous en donner un avant-goût ?
Jean Gloute de Braga - La compagnie Équinoctis avec laquelle je joue depuis quatre ans et qui fait des spectacles équestres.
On a fait de beau projets en 2013, au cirque Jules Vernes (Amiens), XPU à Mâcon, l'ouverture de saison à la cave à musique …
On a joué "l'hippologie du quotidien" tous les week-end de l'été à Cormatin.
Je fais l'acteur, le musicien, la régie et je voltige à cheval.
Dernièrement, "Toiles Contemporaines" à Mâcon a été l'occasion de rencontrer aussi des plasticiens, chouettes duo avec Dr Unk qui est plutôt "rock" et Alces Alces qui est plutôt "folk song", tous deux rencontrés lors du précédent Mâcon All Star.
Envie aussi de rock, d'éléctro, de pop avec Grand Classique qui devrait voir le jour au printemps: des guitares, des basses, du rap en portugais, en français, en anglais, des boites à rythmes saupoudrées de human beat box, des distos-disco, du rap en yaourt, de la danse…
Défendre le secteur culturel est devenu un acte militant, presque militaire, alors j'ai aussi envie de défendre la richesse de ce tissus culturel en Bourgogne, ces "petits" lieux comme la nouvelle galerie à Jamble, le Festival "Hiver et contre tout" à Cluny, l'action culturelle mené par La Cave à Musique avec qui nous menons des ateliers de BeatBox à Mâcon.
Mais aussi des projets hors de la Bourgogne, avec la Cie XIII, où ici je musique pour des danseurs et danse moi-même aussi. Cette année, le travail s'ouvre même sur un domaine que je ne connaissais pas : les applications pour smartphone et tablettes. Je crée les musiques pour des applications de sensibilisation au rythme et à la danse pour les enfants.
Sophie Hébert - Tes lives sont entremêlés de beatbox... Quels sont les qualités nécessaires selon toi pour réussir dans ce domaine ?
Jean Gloute de Braga - Il n'y a pas vraiment de qualité nécessaire pour apprendre le beatbox.
On peut commencer par renforcer à outrance les consonnes en caractères gras sur l'air de " 1 2 3 4 5 6 7 8 ", sons réguliers accentués en boucle et en boucle et en boucle 1000 fois de suite etc ...
Au début pas trop vite, entendre, sentir, le rythme de ces six sons si sots, avant de le jouer à différents tempos.
PeTiT'à PeTiT à PeTi
"P t t P t t P t" serait sa traduction Beat Boxée.
Pour y parvenir, supprimons les voyelles comme si on parlait à l'oreille de quelqu'un, tout en gardant ces consonnes bien explosives.
Faites tourner encore 10 000 fois
une maille à l'envers
une maille à l'endroit
etc …
PaTes au PesTo
P t Ps t
PeTit CaFé Dans Sa CuloTTe
P t K f t s K t
C'est accessible à tous, je m'en rends bien compte lors des ateliers que je donne dans les collèges, les lycées, ou autres.
Ensuite, c'est jouer de la musique, c'est une pratique instrumentale au quotidien.
Sophie Hébert - Et la 4ème question est libre : à toi de la formuler, avec sa réponse ! (Et si tu ne trouves pas... Quelque chose sur tes textes, leur "fabrication" ? Tes influences de ce côté-là ?)
Jean Gloute de Braga - "Chanson française ou Chansons en français ?"
J'ai été bercé par la chanson française (Vian, Brassens, Brel, Berangé, Higelin...) et à chaque fois, cette façon de parler de notre quotidien en trouvant l'axe d'écriture qui nous faisait politiquement réfléchir tout en nous racontant des histoires souvent drôles.
Quand le rap français est arrivé dans mes oreilles, début 90, ça a été une plus que grosse claque.
Drôle et engagé, ludo-éducatif comme on dirait maintenant.
"La java des bombes atomiques" de Vian, ou "Hécatombe" de Brassens sont des textes tout à fait "Rapables".
Deux écritures très swing.
C'est aussi un de mes axes d'écriture, on dit parfois que le rap tire ses origines dans le jazz, je crois que ce n'est pas tout à fait vrai. Le rap fut le Jazz des années 80-90, pour plusieurs raisons:
- Il s'est réapproprié les outils qu'il avait sous la main. Comme quand la batterie à été inventée petit à petit en réunissant les éléments de percussion de la fanfare, Kool Herk et consort se sont réapproprié les platines de salon pour les utiliser comme Schaeffer le faisait avec les bandes, tout en inventant une musique populaire.
- Il est dansant et pensant, réservé au seul public capable de l'entendre : les camarades.
- Il puise sa création dans l'improvisation.
Alors que le jazz pourrait ressembler quelques fois à "juste" une musique pop plus intelligente que les autres.
Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.
Charlie Parker, Old Dirty Bastard : Même combat, même mode de vie.
Alors j'écoute un texte de rap de la même façon qu'un chorus de sax.
Joey Starr reste pour moi le premier maître en français à trouver l'équilibre du sens et du son.
Pour ce qui est des chansons françaises :
- Brigitte Fontaine et le trio qu'ils ont formé à la fin des années 70 avec Areski et Higelin.
Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage (mais je crois qu'on l'a déjà dit).
- Albert Marcoeur, pour les thèmes du quotidien traités en jazz-rock. Et l'évolution au cours de sa vie.
- Katerine pour son parcours aussi, ses premiers albums sont vraiment beaux, bien arrangés, joués par de très bons musiciens. Puis la décadence générale fait "Robot après tout". "Mes mauvaises fréquentations" à tourné chez moi en K7, en CD et maintenant en mp3. Le double album "L'homme à 3 mains" et "Les créatures" sont des bijoux.
Du rap encore :
- La Caution avec son double album "Arc en ciel pour daltonien" et "Peine de maure", textes d'orfèvres sur des sons électro-punks.
- Grem's et toute la clique qui me réconcilient avec le rap, drôle, sérieux, curieux sur du son actuel.
Octobre 2014