PROJET WHO ?

Robin Genetier - Gran Kino

Sophie Hébert – Tu as semblé plutôt gêné que je fasse une photo de toi seul pour représenter Gran Kino... Peux-tu ici nous préciser ton "idée" du groupe Gran Kino ?

Robin Genetier - De la gêne, un peu de timidité et une vraie envie de partager ça avec l’équipe ; l’idée que je me fais de notre groupe - voir d'un groupe - est au final assez simpliste et idéaliste : on est tous dans la même histoire, et on s’engage tous pour mettre en marche ce projet, alors bien que me retrouvant souvent en première ligne pour assurer le développement du projet commun, j’aurais volontiers laissé ce moment à tout le groupe, musiciens, techniciens.. Et au final, il aurait fallu aussi inviter sur la photo, tous ceux avec qui on travaille sur nos projets, nos collaborations, qui font tout autant parti de Gran Kino que nous 6, les Mâconnais. Que ce soit GW Sok à Amsterdam, les Sud-Africains ou tous ceux avec qui nous avons travaillé ces dernières années, on est simplement un groupe avec plein d’artistes qui vont et viennent autour d’un noyau.

Sophie Hébert – Peux-tu nous faire un retour d'expérience de ton épopée avec les Ogres de Barback en tant que tour manager ?

Robin Genetier - La ponctualité ? et sans aucun doute 9 des mois les plus intenses de ma vie sur la route ; des grosses et belles équipes, plein de nouvelles choses à apprendre, des rencontres incroyables, des moments durs, d’autres remplis d’émotion… Travailler pour des gens qui m’ont donné envie de faire ce métier, de cette façon là, fut un vrai challenge et je suis heureux qu’on m’ait proposé de le relever.
Ma façon de percevoir la tournée, la gestion d’une équipe, d’artistes et de projet artistique a réellement évolué depuis que nous avons pris la route il y’a un an maintenant.

Sophie Hébert – Le planisphère 2015 me semble bien rempli pour les Gran Kino... Peut-on en savoir plus ? Pays, artistes, album, textes, ambiance ?

Robin Genetier - Il est toujours difficile de dire ce qu’on va faire ou non, les projets que nous montons sont sujets à tellement de critères et d’éléments qui parfois nous dépassent que nous n’avons pas toujours le dernier mot.

Par exemple à Jakarta, nous devions travailler sur un texte autour de sultans musulmans indonésiens mais les attentats de janvier ont tendu un peu certaines communautés extrémistes et il a été décidé de ne pas prendre de risques. Donc on a repris les textes d’un moine hindouistes du XIIIe siècle sur l’île de Java, et nous travaillons sur un spectacle en commun avec des artistes indonésiens, il est d'ailleurs temps qu'on parle de cette aventure !

En même temps, on continue la composition et l’écriture de morceaux pour un autre spectacle, plus rock qu'auparavant, sur lequel nous rejoindra GW Sok, où le voyage et ses récits seront au centre de tout.
On ira sans doute en Afrique du Sud dans l’année terminer ce projet autour de Mandela, il faut le jouer ce spectacle là-bas, et nos amis sur place ont déjà bien avancé sur des concerts en township.
Sûrement aussi l’Amérique du Sud pour la fin de l’année, et nous l’espérons la France … On devrait sûrement mieux s’organiser, sortir un album et faire des choses peut-être plus tournées vers la France, avec un distributeur etc etc… Mais nous sommes attirés comme par des aimants vers des aventures toujours plus singulières. Et il y’a toujours une bonne excuse pour aller voir ailleurs au final.

Sophie Hébert - Si tu devais sortir un album en 2015, il ressemblerait à quoi ?

Robin Genetier - Un album de 8 / 10 titres + 1 ou 2 remix ou mieux 2 EP 5 titres dans l'année avec à chaque fois un livre l'accompagnant, plein de textes issus ou non des chansons, avec des photos, des cartes routières comme une sorte de carnet de voyage dans lequel l'auditeur pourrait se plonger pour découvrir là où nous avons voulu l'emmener, et surtout suivre le cheminement du projet artistique. C'est une envie d'avoir une vraie démarche culturelle autour du projet que nous défendons, comme je l'ai appris auprès d'amis au Québec qui défendent leur musique avec des éléments graphiques extrêmement réfléchis, ouvrant à la réflexion et aussi offrant sa propre compréhension de ce qui est écouté.

Mars 2015